En 2024, après treize ans d’absence, le professeur émérite Jean-Charles Jauffret constate l’état de dégradation dû au surtourisme de sa chère calanque : Sormiou. Il ne reconnaît plus les spécificités de ce coin de paradis où il vécut entre 1966 et 1987, avec de brefs retours jusqu’en 2011. En est issu le geste de révolte d’un lanceur d’alerte et un état des lieux au sein du Parc national des calanques, terre et mer, et un certain nombre de propositions qu’il émet pour aider à contrôler cette pandémie touristique aux portes de la deuxième ville de France.
Cet effort de préservation passe par l’évocation d’un monde que nous avons perdu, le microcosme des plongeurs de Sormiou autour du premier des moniteurs de plongée du Club de la mer : Jean Pernet (1922-1987). Une approche à la fois ethnographique et historique retrace un mode de vie dans l’inconfort, sans eau courante, électricité ou téléphone pour 130 cabanons. Un certain nombre de rites, de savoir-faire caractérisaient cette communauté. La beauté de la côte des calanques ressort du récit de plongées où la liberté se conjuguait avec une première prise de conscience de la fragilité du milieu et de la nécessité de le préserver.
Evoquer Sormiou, c’est aussi redonner toute son importance à un pionnier qui y fit ses premières armes et qui retrouva sa calanque en fin de vie : Albert Falco (1927-2012). Premier océanaute de l’histoire, en compagnie de Claude Wesly, en septembre 1962, au Frioul, lors de l’expérience de Précontinent I menée par le commandant Cousteau, cet homme-océan totalisant 20 000 heures sous les mers, est évoqué à travers une série de plongées mémorables : en 1979 dans les atterrages de l’île de Riou et divers sites de la côte des calanques, puis entre 1990 et 1993 lorsqu’Albert Falco prit sa retraite de capitaine de la « Calypso ». Le récit s’accompagne de son combat contre la pollution, la surpêche, les réserves marines et comment il fut en pointe, en 1992, contre la bétonisation des calanques et, plus tard, en faveur de la création du Parc national des calanques.
A l’automne 1996, le capitaine Albert Falco vécut alors des heures dramatiques sur le fantôme du plus célèbre des navires français, après son chavirage à Singapour quelques mois plus tôt. Sur son quai de l’oubli à Marseille, la « Calypso » témoignait d’épisodes peu connus de la vie extraordinaire d’Albert Falco au sein de l’équipe du commandant Jacques-Yves Cousteau.
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