L’échec de la quatrième croisade (1202-1204), dû à la désunion des Latins et au déferlement de violence contre des chrétiens à Zadar et Constantinople, signale la fin d’une époque, celle des combats, et le début d’une ère nouvelle, celle des débats, principalement universitaires. Il faudra moins d’un siècle pour que les croisades militaires se soldent par l’échec irréversible de la perte de Saint-Jean d’Acre en (en 1291), tandis que les universités dessinent la carte des points forts de la Chrétienté avant la papauté d’Avignon. Si le combat des croisades avait animé surtout les chevaliers d’Europe du Nord, l’implantation des universités est massivement une affaire du sud car la culture se déploie autour de la Méditerranée[1].
L’étude, nécessaire, permet de poser et d’argumenter des positions jusque-là irréductibles. L’étude surtout permet de discerner les différences culturelles et de rendre compte de cela dans la prédication où, finalement, la parole se vérifie dans la vie et le témoignage cohérent. L’étude, qui recourt à la raison et à la logique, suppose la mendicité pour assurer ce que le travail assurait aux moines. Peu à peu, au sein de l’Église la sequela Christi (la suite du Christ) vécue par les frères prêcheurs va trouver sa place à côté de la fuga mundi (la fuite du monde) de la vie monastique et érémitique.
Saint Dominique mourra en 1221 à Bologne, l’une des plus anciennes universités. Au milieu du xiiiesiècle, le Catalan saint Raymond de Peñafort est le grand artisan du renouveau du droit si nécessaire pour établir la paix, et saint Thomas d’Aquin, né à Naples, trouve en Italie, à Rome, à Orvieto et à Naples, les meilleures traductions latines de la philosophie grecque, pour écrire la Somme de Théologie, cette cathédrale de l’intelligence. La culture du débat est définitivement lancée à la fin du xiiie siècle.
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