Un numéro spécial, fort bien documenté du journal Libération, de juin 2024, évoque la libération de la France en fonction des deux débarquements, celui du 6 juin, en Normandie, et celui du 15 août, en Provence. Hélas, comme pour d’autres médias grand public, la bataille de Marseille est laissée pour compte dans une évocation succincte, alors que, comme d’habitude, la libération de Paris est glorifiée.
Or l’enjeu de la prise par les alliés de la deuxième ville de France est alors vital en 1944, en raison de son port. Un des deux ports artificiels des plages débarquement en Normandie a été détruit par la tempête, Cherbourg est inutilisable. La logistique des armées alliées est au plus bas. Il faut impérativement saisir un port en eau profonde pour vaincre les forces nazies par un effort combiné des troupes engagées en Normandie et celles qui débarquent en Provence le 15 août.
Tel est l’enjeu stratégique essentiel. Face à la XIXe Armée allemande, qui compte à Marseille12 000 hommes bien armés du général Hans Schaefer et ses 200 canons, l’Armée du général de Lattre, 260 000 hommes, qui représente 75% des forces débarquées, doit d’abord prendre Toulon où s’illustrent les troupes coloniales dont les Sénégalais.
L’avance est très rapide dans l’arrière-pays grâce à l’appui décisif des 10 000 hommes de R2, les forces de la Résistance en Provence. Cette conférence permettra de découvrir les rôles de L’Armée des ombresqui se conjuguent en : renseigner, harceler les troupes allemandes les disperser loin des plages de débarquement en les fixant, puis accompagner les forces débarquées.
Le 19 août, la grève totale est proclamée à Marseille qui entre en insurrection le lendemain. Forçant la décision du général de Lattre, son second, le général Goilard de Monsabert, chef de la prestigieuse 3eDIA (Division d’infanterie algérienne) qui s’est illustrée de la Tunisie à l’Italie, reçoit les délégués FFI de Marseille qui appellent à l’aide.
Alors, du 22 au 26 août se déroule la terrible bataille de Marseille avec l’appui de la 1e DB (division blindée) et des forces de la Résistance, dont nous décrirons les divers aspects, dont la prise de la position clef de Notre-Dame-de-La-Garde. Qu’il nous suffise de dire que la bataille a été plus âpre que celle qui a libéré Paris aux mêmes dates. Parmi les pertes, les Allemands ont eu 5 000 tués, la 3 DIA mille, et les tabors marocains 500. Quant au port, mission accomplie malgré 257 grues sabotées par l’occupant : dès le mois de novembre 1944, et c’est fondamental pour la victoire finale alliée, 500 000 t de matériels sont débarqués par mois.