Un récent film-catastrophe anglo-américain a fait de l’Empereur un être veule, pleurnichard et amoureux transi de la toute puissante Joséphine. A l’inverse, sur un ton ludique et primesautier, étayée sur une documentation pléthorique, cette conférence invite à pénétrer les arcanes du pouvoir et la vie intime d’un despote éclairé à la personnalité complexe.
Si Napoléon a éprouvé une passion dévorante pour sa « belle créole », l’emprise de Joséphine pâlit dès son retour de la campagne d’Egypte. A travers ses autres amours, Désirée Clary, Marie Waleska et Marie-Louise, transparaît l’épopée, mais aussi des moments-clefs de l’histoire de l’Empire et des campagnes militaire remodelant une Europe à la française. Quid des amours d’antichambres, des brusques tocades de Napoléon pour une cantatrice milanaise comme la Grassi, ou un penchant pour une de ses dames du Théâtre français comme Melle Georges ? Etait-il un goujat, un soudard, un homme du monde, ou un homme assouvissant ses pulsions le plus souvent auprès de celles qui se donnaient à lui ?
C’est aussi à travers le rôle des femmes et de l’opinion « romaine » que Napoléon se fait d’elles, qu’il faut analyser le Code civil. Ce qui conduit à aborder la question de celles qui lui ont résisté, qui ont osé dire que ce Code était un net recul par rapport aux conquêtes de la Révolution. D’où l’importance de Noémie de Coigny et son esprit caustique, de Juliette Récamier et de son salon où les idées libérales étaient autant de brûlots contre le pouvoir personnel, sans oublier son principal opposant qu’il finit par contraindre à l’exil : la baronne Germaine de Staël. De Delphine à De l’Allemagne, elle osa braver un Empire de plus en plus autoritaire en défendant le principe d’une monarchie constitutionnelle fondée sur la diversité et la fraternité entre les peuples, en ce début de la période romantique.
En bref, de l’époque de la jeunesse du « Chat botté », son surnom jusqu’à la campagne d’Italie, jusqu’aux îles d’Elbe et de Sainte-Hélène, quelles places ont tenu les femmes dans le geste impérial ?